Hier, le Sénat examinait une proposition de loi visant à « améliorer le traitement des maladies affectant les cultures végétales à l’aide d’aéronefs télépilotés »
Derrière cet intitulé, le texte prévoit la pérennisation de l’utilisation des drones pour la pulvérisation aérienne de produits phytopharmaceutiques, pour certains types de cultures (bananeraies et vignes en pente) dans le prolongement de la loi Egalim de 2018, qui avait remis en cause le principe de l’interdiction absolue de l’épandage aérien de pesticides par la mise en place de cette expérimentation.
Nous ne sommes pas par principe contre les évolutions technologiques si celles-ci permettent d’améliorer les conditions de travail des agriculteurs, dans le respect de la santé humaine et environnementale. Mais il parait assez clair qu’ici, les conditions ne sont pas réunies.
L’épandage aérien peut présenter des risques de volatilité accrue des pesticides, et donc poser un problème majeur de santé publique.
Les conclusions de l’Anses dans son rapport de 2022 faisant suite à cette expérimentation sont limpides : les essais réalisés sont trop peu nombreux pour émettre des conclusions fiables allant dans le sens de la pérennisation du dispositif.
« L’analyse des données ne permet pas, à ce stade, de dégager des conclusions générales robustes compte tenu des incertitudes observées. Il conviendrait de poursuivre les expérimentations pour consolider les résultats et confirmer les tendances observées. »
Les incertitudes paraissent donc trop importantes pour démontrer que la pulvérisation par drone présente des avantages manifestes pour la santé et/ou l’environnement : j’ai expliqué lors de la discussion générale que pour nous, Ecologistes, le principe de précaution doit s’appliquer.
Par ailleurs, nous nous opposons plus encore à la généralisation des essais sur tous les types de culture, en cas d’« avantages manifestes » à l’issue de l’expérimentation.
A travers cette PPL se pose également la question de notre modèle agricole :
Ce texte est un cheval de Troie à la généralisation des drônes, il alimente l’endettement et un système productiviste à bout de souffle, et lève peu à peu les obstacles à des usages renouvelés des pesticides, alors que les efforts devraient porter sur la recherche et le déploiement de solutions alternatives, pour engager enfin une vraie transition agroécologique.
Nous avons déposé un amendement de suppression de l’article, étant opposés à la pérennisation de ce dispositif.
Dans un esprit constructif, nous avons proposé un amendement visant à prolonger l’expérimentation pour certains types de culture, qui doit être assortie d’une nouvelle étude de l’ANSES pour établir un bilan aux conclusions incontestables.
Ils ont été rejetés, c’est pourquoi nous avons voté contre.