Après un accouchement dans la douleur, L’EPR de Flamanville a été enclenché et injectera ses premiers KWh dans le réseau d’ici la fin de l’année. Personne, aujourd’hui, ne peut nier le fiasco industriel de cette aventure. Il faut dire qu’avec plus de 12 années de retard et une facture multipliée par 4 par rapport au prix initial, par près de 6 si l’on tient compte des frais financiers, il est difficile de lancer un grand « cocorico ».
Le dérapage financier plus que conséquent invite à s’interroger sur ce qui aurait pu être fait de tous ces milliards si une autre voie avait été choisie.
En février 2006, le bureau d’étude « les 7 vents du Cotentin » présentait une alternative consistant à injecter les 3,5 milliards initialement prévus à l’époque dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Le résultat était éloquent.
“Déjà, avec 3 milliards, il était possible, en cumulant l’énergie non consommée grâce aux investissements dans l’efficacité énergétique et la production d’énergie renouvelable, d’obtenir le double de la production de l’EPR tout en finançant 25 fois plus d’emplois. Imaginons ce que nous aurions pu faire avec 20 milliards…” précise Daniel Salmon.
Et pourtant, les mêmes qui ont conduit à ce fiasco appellent aujourd’hui à la relance massive du nucléaire en promettant la construction de quatorze EPR 2, alors qu’EDF a déjà revu à la hausse le coût des six premiers. S’ajoute la question également des délais, qui ne pourront être tenus.
Pour Daniel Salmon : “Le président Macron a préféré délaisser les énergies renouvelables pour des outils peu fiables et presque déjà obsolètes. La France s’entête dans le mythe tenace d’une énergie nucléaire peu coûteuse, soi-disant sûre et censée garantir notre indépendance.”