Pourquoi j’étais à Sainte-Soline en soutien au mouvement contre les bassines

Je me suis rendu à ce rassemblement car il est pour moi essentiel de soutenir ce mouvement contre les bassines. Pour une partie d’entre elles, ces bassines sont illégales et pour leur majorité, des recours ont été déposés devant les tribunaux administratifs et les instructions sont encore en cours. Des bassines se construisent même lorsqu’elles ont été déclarées illégales et contreviennent à 9 directives européennes, dont la directive cadre sur l’eau.

Nous sommes dans une politique du fait accompli. Face à cela le droit à manifester a été contesté, et la manifestation déclarée illégale. Dans ce pays il est donc devenu illégal de manifester contre l’illégalité, où est l’État de droit ?

En tant qu’élus, nous sommes venus rappeler de manière totalement non-violente notre opposition à cet accaparement de l’eau par un groupe restreint d’agriculteurs. Avant de revenir sur les violences de samedi, allons sur le fond.

Une agriculture qui a détruit son environnement en arasant haies et talus, en drainant à tout va, en réduisant la capacité du sol à retenir l’eau et par conséquence à recharger les nappes phréatiques. Nous nous opposons à cette agriculture qui détruit les équilibres, qui propose une fuite en avant sans aucunement remettre en question son mode de production.

Nous sommes allés une nouvelle fois dire non à ces méga-bassines, dire non à l’accaparement de l’eau par quelques-uns, pour défendre un autre partage, une autre agriculture, ce n’est pas un rassemblement des écologistes contre les agriculteurs, c’est immensément plus complexe que cela, de nombreux agriculteurs paysans sont mobilisés avec nous.

Concernant les violences, je les regrette profondément et l’immense majorité des 30 000 manifestants ne cherchait aucunement l’affrontement. Cette bassine en construction de Sainte Soline, immense cratère bordé de digues de terre ne justifiait pas un tel déploiement des forces de l’ordre. Les annonces faites à ce sujet n’ont fait que cristalliser les tensions et mettre en place toutes les conditions pour une confrontation violente. Très rapidement les blessés.es n’ont pas tardé à affluer avec pour certains, certaines des blessures particulièrement graves.  J’étais avec d’autres élus en retrait et nous avons essayé de porter assistance à ces blessés. Des brigades sur quad sont apparues à l’arrière du rassemblement et sans sommation ont déclenché une série de tir de grenades lacrymogènes en direction des blessés et des personnes à leur chevet. Nous avons dû fuir dans la confusion. En retrait sur un chemin de campagne, certains d’entre nous sont intervenus pour que les ambulances puissent franchir les barrages.

Je garde de cet épisode un goût amer et je déplore tous les blessés.

En aucune manière, je ne cautionne la violence, mais je serai présent chaque fois qu’il sera question de défendre l’agriculture paysanne, chaque fois qu’il sera question de préserver l’habitabilité de cette planète.