Le mardi 28 octobre, le Sénat a examiné le projet de loi de lutte contre la vie chère dans les Outre-mer, dont j’étais co-chef de file avec mon collègue Akli Mellouli.

Loin d’être une question conjoncturelle, la cherté de la vie en outre-mer est un problème structurel qui pèse lourdement sur le quotidien des habitants de ces territoires, révélant une fracture économique et sociale avec la métropole que nous ne pouvons ignorer.

Les coûts excessifs des produits de première nécessité, des services essentiels et des biens de consommation courante exacerbent un sentiment d’abandon et d’inégalité, et génèrent un profond malaise social. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et sont accablants : entre 19 % et 38 % de plus en moyenne que dans l’Hexagone.

Le texte, centré sur la question des distributeurs et fournisseurs, ne répond aucunement au problème généralisé du coût de la vie en outre-mer, et n’intègre aucune mesure concernant les revenus (salaires et prestations sociales), la réduction des inégalités ou encore les dépenses contraintes. En premier lieu le logement, mais aussi le transport, la santé, l’énergie.

Les dispositions en faveur de la production locale et du développement économique se bornent à reprendre des outils déjà en place pour favoriser les PME dans les marchés publics.
Rien non plus pour modifier les modalités de répartition des aides à la production agricole qui soutiennent presque exclusivement les filières exportatrices.

Les mesures de lutte contre la concentration économique restent à notre sens très limitées puisqu’il s’agit principalement de tentatives de mieux faire appliquer la législation en vigueur.

Nous regrettons donc l’absence de mesures un tant soit peu structurantes de lutte contre les inégalités et, plus largement, un manque de réflexion du Gouvernement sur le modèle économique proposé pour les territoires d’outre-mer.

Nous avons déposé pour l’examen en séance publique plusieurs amendements, malgré le périmètre très limité qui nous était imposé :

– pour permettre à la DGCCRF de prononcer des amendes réellement dissuasives contre les entreprises ne respectant pas leurs obligations de transparence en matière de marges et de construction des prix ;

– pour renforcer le contrôle des concentrations par l’Autorité de la concurrence.

– Et deux amendements sur la production agricole : pour intégrer une part minimale de produits locaux dans le bouclier qualité-prix (BQP), et pour rendre effectif l’obligation pour les distributeurs de réserver une part de leur surface de vente aux productions régionales. Ce dernier a été adopté.

Mais au final, malgré quelques petites avancées, ce texte est un saupoudrage. Il ménage plus qu’il n’impulse réellement les choses.

C’est pourquoi nous nous sommes abstenus. Le projet de loi de finances 2026 reste le rendez-vous vraiment structurant pour tenter d’intégrer de réelles avancées pour nos concitoyens d’Outre mer.

Défense de mon amendement sur la production agricole afin de favoriser les produits locaux