À travers la transition écologique, notre société affirme de grandes ambitions en matière de réemploi, de réduction des déchets et d’économie circulaire. Mais encore faut-il que les politiques mises en œuvre permettent à tous les acteurs engagés sur le terrain d’y prendre part pleinement.

C’est précisément ce qui est en jeu aujourd’hui pour La Feuille d’Érable, une entreprise d’économie sociale et solidaire bien connue dans notre territoire, et plus particulièrement pour son centre de lavage de bouteilles réutilisables, La Station. Cette structure a investi massivement pour participer au développement du réemploi, en réponse à la montée en puissance de la consigne. Pourtant, elle se retrouve aujourd’hui fragilisée par les modalités d’une expérimentation nationale mal calibrée.

Dans le cadre du projet « RE-USE » porté par CITÉO, seuls deux centres de lavage sur tout le territoire ont été retenus pour bénéficier de flux garantis et d’aides publiques conséquentes. La Station, malgré son sérieux et son expérience, a été écartée pour une simple question de seuil technique (4 500 bouteilles/heure au lieu des 6 000 exigées). Résultat : elle perd ses partenaires, voit ses flux diminuer et son modèle remis en cause.

Ce que je dénonce ici, c’est une forme de concurrence déloyale financée par l’argent public, qui favorise artificiellement quelques acteurs au détriment des autres. C’est aussi une mise en péril de l’emploi local, y compris pour des salariés en situation de handicap, et une contradiction majeure avec l’esprit de la loi AGEC, censée encourager la diversité des modèles de réemploi.

J’ai donc adressé un courrier à la Ministre concernée pour appeler à des mesures de bon sens :

  • Rediriger les flux collectés vers les centres de lavage de proximité,
  • Soutenir équitablement tous les opérateurs pour leur mise en conformité,
  • Financer un poste dédié à l’accompagnement des acteurs locaux du réemploi.

La Station n’a pas besoin d’un traitement de faveur, elle demande simplement le droit de participer à la dynamique de la consigne dans des conditions justes.

Je tiens à réaffirmer ici tout mon soutien à cette structure exemplaire, ancrée localement, au service d’une économie plus durable, plus solidaire et plus résiliente. Le réemploi ne se fera pas sans les territoires. Il est temps que l’État l’entende.