Retour sur mon déplacement au Salon de l’agriculture 2024

, le 28 février 2024.

Comme chaque année, le Salon de l’agriculture est l’occasion d’aller à la rencontre des acteurs du monde agricole, dans leur diversité, et réaffirmer notre soutien aux agriculteur•rices.

J’ai d’abord participé à une table ronde le mardi sur l’agrivoltaïsme, organisée par la société TSE, avec de nombreux acteurs du secteur qui sont toujours en attente du décret précisant le cadre et les conditions d’implantation, pour concilier développement de la filière et priorité de la production agricole, et éviter les projets « alibis ».

Pour faire coexister de façon harmonieuse la production de biomasse et la production d’énergie, l’Inrae recommande un taux de couverture autour de 20-25 %, alors que le gouvernement trancherait sur un taux de couverture maximal de 40%, ce qui ferait craindre que l’activité énergétique ne prenne le pas sur l’activité agricole. Je serai vigilant sur les suites qui seront données sur ce sujet.

Je suis retourné au salon le jeudi, avec mes collègues sénateurs du groupe Ecologiste, Solidarité et Territoires, pour échanger avec les grandes organisations syndicales (FNSEA, Jeunes Agri, Confédération paysanne et coordination rurale) et professionnelles (ANSES, FNAB, Agence Bio, FnSafer…).

Des échanges qui ont permis de revenir sur les raisons profondes de cette crise qui ne date pas d’hier, et de présenter nos propositions pour faire évoluer notre modèle agricole : un modèle agricole rémunérateur et vertueux pour les paysans et la planète, où la régulation du marché en est la condition incontournable !

Car cette crise est d’abord la conséquence des accords de libre-échange et la mise en place organisée d’une agriculture dépendante du complexe agro-industriel qui broie les agriculteurs mais qui convient à une minorité.

En ce sens, les annonces du Gouvernement ces dernières semaines répondent principalement aux demandes court-termistes des lobbys agro-industriels, la majorité des paysan.nes ne veut pas de réduction des normes environnementales, ils et elles veulent d’abord un revenu digne.

Dans un moment où beaucoup de fermes sont à transmettre, s’il n’y a pas de perspectives de revenus pour les agriculteurs, il n’y aura pas de transmission aux plus jeunes.

Les écologistes se sont toujours opposés aux accords de libre-échange et défendent une relocalisation et une protection renforcée de notre économie, en particulier son secteur agricole. Ils proposaient déjà le revenu minimum garanti lors de la première loi Egalim examinée en 2018. Si avec le groupe écologiste nous nous réjouissons de l’annonce par Emmanuel Macron d’instaurer des prix planchers sur les matières premières agricoles, nous resterons très prudent sur les détails de sa mise en place.

Le SIA est également l’occasion de rappeler nos propositions, les plus à même de répondre aux préoccupations du secteur : interdiction de l’achat de produits agricoles en dessous du prix de revient, installation massive des agriculteurs et aide à la transmission, formation, régulation de l’accès au foncier, financement de l’agroécologie, renforcement de la protection sociale agricole, mesures miroirs au Parlement européen

Avec la Confédération Paysanne, échanges avec la porte-parole Laurence Marandola, sur la nécessité d’un travail rémunérateur, d’une meilleure gouvernance, et d’une loi d’orientation agricole réellement efficace sur l’installation. Nous travaillerons de concert pour faire aboutir ces revendications.

Rencontre avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) : les moyens de l’agence doivent être renforcés pour assurer pleinement leurs missions de sécurité sanitaire en toute indépendance.

Échanges avec la FNAB et l’Agence Bio : de nombreuses filières bio sont en grandes difficultés. Sur les 60 000 fermes bio, il y a un risque croissant de déconversion. Nous avons rappelé l’urgence d’un grand plan de financement pour soutenir ces filières et productions, le modèle agricole de demain.

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Échange franc et rugueux avec la Coordination rurale et sa présidente Véronique Le Floc’h. Des points d’accord sur la sortie des traités de libre échange, le manque de lisibilité des politiques agricoles ou encore la nécessité d’une meilleure représentativité des chambres d’agriculture. Mais des divergences de fond notamment sur les pesticides. Le dialogue reste ouvert !
Passage sur le stand de la FNSEA : Constat partagé sur la nécessité de parvenir à un revenu décent pour les agriculteurs, moins celui sur la perte de biodiversité. Et peu de convergence sur les solutions ni sur la manière d’instaurer un revenu décent, ou encore sur le recours accru à la technologie.
Avec les Jeunes Agriculteurs nous nous retrouvons sur la nécessité de trouver des solutions pour concilier production agricole et réduction des produits phyto, mais surtout une rémunération plus juste, essentielle pour encourager et accompagner les jeunes agriculteurs vers un mode de production plus durable.

Entretien avec Emmanuel Hyest, Président de la Fnsafer pour parler de la question foncière comme clé de réussite du maintien d’une agriculture vertueuse. Il faut renforcer et rendre plus performant cet outil pour revenir demain à des exploitations de taille adaptée

J’ai accompagné le lendemain Marine Tondelier notre Secrétaire nationale et une délégation d’élu.e.s EELV avec notamment Marie Toussaint, Benoit Biteau, Marie Pochon, pour un nouveau tour des syndicats et des acteurs de la filière.

Enfin, j’ai assisté le samedi au « Lancement des actions et de l’appel à projets du Pacte en faveur de la haie  » sur le stand du Ministère de l’Agriculture en présence du ministre de l’agriculture Marc Fesneau et de l’AFAC Agroforesterie, en première ligne sur la question des haies.

L’occasion aussi de rappeler le dépôt de ma proposition de loi en faveur de la préservation et de la reconquête de la haie, qui je l’espère pourra être débattue dans les mois à venir. Les haies sont un élément essentiel de la transition écologique qui doit bénéficier de politiques publiques fortes au niveau national et dans les territoires.

 

➡️ Notre livret de propositions « Pour une agriculture des gens et du vivant » ici