Taxonomie : Opposition à l’inclusion du gaz et de l’énergie nucléaire parmi les énergies « vertes » de l’UE

, le 9 mars 2022.

Dans le cadre de l’objectif de neutralité carbone fixé aux États membres à l’horizon 2050, la présidente de la Commission européenne, a fourni fin 2021 de nouvelles décisions concernant le volet climatique de la « taxonomie » européenne ; cette taxonomie sert à classifier des activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement. Malgré la mobilisation des élu.e.s écologistes, notamment au Parlement européen, le gaz et le nucléaire pourront revendiquer d’être des énergies « vertes ». Une décision lourde de risques pour la transition énergétique européenne.

Au Sénat, début décembre, la Commission des affaires économiques a d’ailleurs adopté en catimini une Proposition de résolution européenne pour inclure le nucléaire dans cette taxonomie européenne. Une PPRE à laquelle le groupe écologiste s’était bien sûr opposée.

L’enjeu pour le nucléaire est financier. Selon les calculs établis par EDF lui-même : si le nucléaire ne figurait pas comme énergie verte dans la taxonomie, seules 43% de ses activités seraient éligibles aux financements verts contre 96% s’il était intégré.

Cette « labélisation » du nucléaire permettra ainsi à la filière de bénéficier de meilleures conditions de financement et d’attirer les investisseurs privés désireux de montrer qu’ils répondent aux critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance (ESG). Et si la taxonomie ne concerne aujourd’hui que les capitaux privés, dans le futur, elle pourrait servir de base de conditionnement pour le financement de certaines politiques publiques.

La taxonomie n’est donc pas un détail, mais bel et bien un enjeu majeur.

La position des écologistes est claire : le gaz fossile et le nucléaire n’ont rien à faire dans les énergies vertes. Les partisans du nucléaire utilisent le fait que le nucléaire soit décarboné pour en faire une énergie « durable ». Mais en procédant ainsi, ils obèrent de fait les investissements massifs dans les énergies renouvelables dont il est pourtant largement prouvé qu’elles sont indispensables. Des milliards d’euros seraient ainsi détourné au détriment des renouvelables.

L’énergie nucléaire n’est ni une énergie d’avenir, ni une énergie verte. L’extraction de l’uranium, l’utilisation et le traitement de ses déchets génèrent à la fois des pollutions substantielles et des risques majeurs en termes de sûreté et de sécurité.

C’est également une énergie exigeant une stabilité et une sécurité sans faille pendant des siècles et donc incompatible avec toute forme de conflit, conditions impossibles à assurer comme nous pouvons le voir aujourd’hui en Ukraine, où les centrales nucléaires sont tous les jours menacées par Vladimir Poutine. Oui, l’énergie nucléaire rend un pays vulnérable en temps de paix, et indéfendable en temps de guerre.

L’énergie nucléaire est extrêmement coûteuse, non compétitive par rapport aux énergies renouvelables avec plus de 110 € le MWh ( sans que tous les coûts soient bien estimés) contre 50 à 70 pour l’éolien ou le solaire.

Quant au gaz, il est maintenant urgent de mettre un terme à la dépendance de l’Union européenne à cette énergie fossile, qui nous met aujourd’hui à la merci du chantage d’un dictateur.

Afin de respecter la neutralité carbone en 2050, la transition écologique doit s’appuyer sur des énergies d’avenir et de paix, peu émettrices et créatrices d’emplois durables. C’est pourquoi la taxonomie européenne doit être limitée aux énergies strictement renouvelables.

Avec le groupe Ecologiste, Solidarité & Territoires nous continuerons à défendre un large déploiement des ENR dans le mix énergétique français, avec en parallèle des investissements pour plus d’efficacité énergétique et des efforts de sobriété renforcés.

Le seul mix énergétique compatible avec les enjeux climatiques et démocratiques.